lundi 30 janvier 2017

Seul le silence de R. J. Ellory






R. J. Ellory

Seul le silence














4ème de couverture : 
Joseph Vaughan, écrivain à succès, tient en joue un tueur en série, dans l’ombre duquel il vit depuis bientôt trente ans. Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée. La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près. Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d’enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable, dont l’identité ne sera révélée que dans les toutes dernières pages. Plus encore qu’un roman de serial killer à la mécanique parfaite et au suspense constant, Seul le silence marque une date dans l’histoire du thriller. Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, sans concession aucune, R. J.Ellory évoque autant William Styron que Norman Mailer par la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu’il met en jeu.





"Un cœur sombre", le dernier roman de Roger Ellory m'ayant fait une très belle impression, je poursuis ma découverte de ses écrits avec réjouissance.

L'enfance de Joseph n'a pas été tendre, il commence par perdre son père, mort trop jeune et enchaîne avec le décès sauvage d'une de ses camardes de classe.
Désormais, les petites filles ne sont plus en sécurité dans les comtés alentour et la vie de Joseph sera impactée où qu'il aille...

Le rythme est posé, il permet de savourer le vocabulaire puissant et ordonné avec génie.
J'ai pu apprécier les ressentis de Joseph, sa vie, ses rêves, son enfance volée...
Les descriptions sont telles, qu'il suffit de fermer les yeux un instant, pour se retrouver au milieu des personnages. 

On sent Joseph tellement abattu et concerné par les meurtres des petites filles, que le récit en est poignant.
J'ai senti sa rage devant son impuissance à les protéger.
Sa détresse de ne pas pouvoir les sauver.
Le sujet est ardu, j'avoue être particulièrement sensible et touchée par les violences faîtes aux enfants.
J'ai dû sauter un passage de quelques lignes a un moment de ma lecture, ce sont mes seules limites littéraires, mais rassurez-vous à part ces lignes, il n'y a pas de détails et ça passe facilement. 

Je me sens moquée, si seulement j'avais su que c'était aussi bon, j'aurai commencé à lire l'auteur bien plus tôt.
Je pensais sincèrement que ce n'était pas fait pour moi, je me restreignais au thriller français, qui est très rythmé et différent.
Quand c'est l'auteur en personne qui ébranlent toutes tes certitudes sur tes goûts en matière de polar étranger, on peut dire que c'est perturbant et fabuleux, oui surtout fabuleux en fait.

La règle de base c'est de toujours écouter ses amis lecteurs, moi aussi j'ai adoré ma lecture et je compte bien rattraper mon retard.
C'est d'ailleurs presque une chance d'en avoir plein à lire, car je me suis sentie nostalgique et déroutée en laissant Joseph même si j'ai avancé à ses côtés sur six cents pages.
Seul le silence est un grand livre qui restera longtemps dans ma tête.





R. J. Ellory, -soit Roger Jon Ellory- est un écrivain britannique, auteur de romans policiers et de thrillers.
Orphelin très jeune, il grandit en pension, puis chez ses grands-parents, jusqu'à être incarcéré à 17 ans pour braconnage. Une fois sa peine purgée, il se lance dans la musique, tout en étudiant et lisant beaucoup: Tolkien, Stephen King...
Il devient un temps guitariste du groupe de rock "The Manta Rays", avant de se tourner vers la photographie. Il commence à écrire en 1987, mais il devra attendre 2003 pour que son roman, "Candlemoth", soit publié.
Entre 1987 et 1993, RJ Ellory écrit pas moins de vingt-deux romans, chacun lui valant des refus éditoriaux des deux côtés de l'Atlantique : en Angleterre, on refuse des romans situés aux États-Unis, écrits par un anglais, et outre-Atlantique, on ne veut pas de romans se passant aux États-Unis, écrits par un Britannique.
On peut citer parmi ses œuvres : "Vendetta" (A Quiet Vendetta, 2005), "Seul le Silence" (A Quiet Belief in Angels, 2007), "Les Anonymes" (A Simple Act Of Violence, 2008) ou encore "Les Anges de New York" (Saints of New York, 2010).
R.J.Ellory est lauréat du prix Nouvel Obs/BibliObs du roman noir 2009 pour "Seul le silence". Aujourd'hui il se consacre pleinement à son écriture et à la musique avec son groupe de blues, "The Whiskey Poets".

site officiel:
http://www.rjellory.com/ 

mardi 24 janvier 2017

Majestic Murder d'Armelle CARBONEL






Armelle CARBONEL

Majestic Murder












4ème de couverture :
Une écorchée vive qui rêve de brûler les planches.
Un squat à fuir, un homme secret et tourmenté.
Et une audition menée par une troupe étrange dans un théâtre abandonné...
Le Majestic.

Serez-vous prêts pour la première ?

Après un « Criminal Loft » encensé par la critique, « Majestic Murder » est un thriller sombre et original, asseyant définitivement son auteure parmi les plumes majeures de la littérature noire.





J'ai été, je pense, dans les premiers à suivre Armelle Carbonel, voilà quelques années que j'ai cru en la version de son premier roman.
J'ai par la suite eu l'immense joie de voir les Editions Fleur Sauvage reprendre Criminal Loft, alors imaginez ce que je peux ressentir avec ce second roman.
C'est simple, quand j'aime j'aime, alors je me suis jetée dessus.

Lillian et Fanny s'entraident autant que possible, la vie dans un squat de drogués n'est pas la plus facile.
Lillian se sent attirée par Seamus qui la sauve in extremis d'un viol collectif, il semble différent des autres.
Un matin, ils abandonnent Fanny à son sommeil pour postuler dans un théâtre et s'arracher à la crasse, aux shoots, à la laideur de cette existence.

Je me suis trouvée face à une écriture poétique, les descriptions et les comparaisons sont très belles, vous me direz quand le lieu du récit se trouve être un théâtre c'est plutôt raccord.
En tout cas, je me suis laissée emporter loin dans un registre noir, grâce à cette aura entourée de mystère et d'angoisse. 

Le lecteur va sentir un danger planer sur la tête des personnages, lequel, ça, il n'en sait rien ,mais l'ambiance pourrait bien arracher quelques frissons.
Le théâtre est particulièrement isolé, les petites mains qui y œuvrent sont du genre bizarre...

Les rebondissements sont hallucinants de folie, je me suis bien fait avoir...

Le Majestic est un théâtre pour le moins flippant, si l'envie vous prenait d'assister à la pièce qui s'y joue, surveillez vos arrières.
Il y a des moments où l'on se dit qu'il est confortable de se trouver devant les pages, bien à l'abri.
Frissonner, vibrer et mourir de peur chez soi, en toute sécurité ça semble pas si mal.
Ce qui serait d'enfer, c'est de voir une adaptation télé, l'auteure est tellement douée pour créer un parterre de personnages inquiétants, sans parler des lieux, non ça il faut le vivre à travers le roman.

Le rouge et le noir sont les deux couleurs qui se disputent la scène, pourquoi ? A vous de le découvrir, je n'ai pas envie de rendre un avis plus long, je ne peux que vous inciter à craquer et à découvrir ce roman noir.
Je pense que le blogueur doit savoir trouver la frontière à ne pas franchir et pour rien au monde je ne voudrais vous griller un élément clé, votre plaisir doit être à son maximum.
A vous de jouer, juste un conseil, révisez votre texte...




Afficher l'image d'origine "J'ai couché mes premiers poèmes sur le papier à l'âge de huit ans, puis un premier roman fantastique à 11 ans...pour continuer par trois pièces de théâtre à 15 ans et me tourner à nouveau vers le roman à 20 ans. Elle ne sait pas ce qu'elle veut, me direz-vous? Eh bien si! Il y a mille manière de livrer son âme, cela dépend de l'instant choisi. Hantée par les démons de mon enfance qui ne me laissent aucun répit, l'écriture est un moyen de les exorciser (temporairement), une thérapie qui empêche l'esprit de devenir fou...

vendredi 20 janvier 2017

Pas de deux de Sophie AUBARD







Sophie AUBARD

Pas de deux












4ème de couverture : 
Un voyage de rêve qui vire au cauchemar.
Un accident rarissime, collision d'une automobile et d'un avion.
Sur les quatre occupants du véhicule, deux perdent la vie. 
Comment peut-on se reconstruire après un tel drame ?
C'est ce que Manon et Solyne tentent de faire : reprendre le cours normal de leur existence.






C'est un très beau livre de poche, sa couverture est magnifique (la qualité de la photo ne lui rend pas hommage) et son prix est celui d'un poche.
Ce qui veut dire très appréciable, car il faut se rendre à l'évidence, on n'en trouve presque plus à moins de 9€.

Manon et Solyne sont ravies, leurs parents ont choisi une destination épatante pour passer les fêtes de Noël.
Rien de tel que les Petites Antilles pour se dorer la pilule au soleil, pendant que les copains se caillent.
Les vacances avaient pourtant bien commencé, mais un accident de voiture va rapidement y mettre un terme.
A leur réveil, c'est un pur cauchemar qui s'abat sur elles...

Le contraste entre les personnalités des jumelles est intéressant, il y a un trou béant entre elles.
L'une est aussi prude et introvertie que l'autre est libérée et extravertie.
J'ai beaucoup aimé les voir râler et se plaindre du comportement de son double.

De nombreuses personnes ont peur de prendre l'avion, c'est un moyen de transport qui ne pardonne pas en cas d'accident, c'est assez radical même.
Je n'en dis pas plus, mais on ne peut pas s'empêcher de mettre des si pour se dire qu'on aurait pu les empêcher ces accidents, mais quand c'est fait, vous serez d'accord avec moi pour dire que c'est irrémédiable, il est impossible de revenir en arrière.

J'ai été terriblement touchée par ces jeunes vies écorchées au plus profond de leur être.
Je me suis rendue compte que je n'avais pas coupé mes lectures noires depuis longtemps et ce moment passé à travers de la littérature blanche est une vraie bouffée d'oxygène.

Certains sentiments apaisent les douleurs même si elles sont indélébiles, il suffit peut-être d'y croire et de se laisser porter, de se laisser aider et de tomber sur la bonne personne.

Oui ce roman m'a fait un bien fou, il est frais et je l'ai suivi avec grand plaisir.
Je ne parle même pas de la claque finale, même si l'auteure l'a volontairement introduite en douceur, il y a claque quand même.





jeudi 19 janvier 2017

Nous n'irons plus au bois de Philippe LESCARRET





Philippe LESCARRET

Nous n'irons plus au bois














4ème de couverture : 
La mort violente d'une étudiante au coeur de la forêt réveille les peurs et les secrets enfouis. Les filles tremblent. Elles jurent toutes...Nous n'irons plus au bois de Pau. A Pau, la mort d'une jeune femme apparemment sans histoire va révéler nombre de secrets enfouis au fond des bois. Rendez-vous discrets d'étudiantes vendant leur corps pour payer leur loyer, sombres trafics dans le camp de Gurs pendant la guerre, relations adultères d'un professeur de fac, au fil de son enquête, le lieutenant Yann Loubeyres ravive les mémoires béarnaises. Et dans cette région où les habitants parlent couramment le sous-entendu, les investigations seront complexes d'autant que la police n'est pas seule sur les traces du tueur... Philippe Lescarret est né en 1971 à Pau. Après des études de physique, il effectue son service national en tant que gendarme auxiliaire, et se retrouve alors confronté à la mort violente, à l'odeur du sang. L'enseignement le mène ensuite en banlieue parisienne. Mais la terre du rugby et des palombes lui manque. Il revient s'établir dans le Sud- Ouest. Il habite et travaille actuellement en Béarn, non loin des montagnes, de l'océan et de la forêt landaise.





J'adore le format de cette collection Du Noir au Sud, semi-poche, la taille permet une lecture confortable.
Point extrêmement positif les couvertures sont très soignées.

Une étudiante est retrouvée morte dans un bois, à première vue il s'agit d'un suicide, mais encore faut-il attendre le rapport du légiste.
Yann et ses collègues vont tout mettre en oeuvre pour démêler le vrai du faux, il semblerait que tout ne soit pas aussi simple qu'il ne le parait...

Malgré cette mort suspecte qui prend de la place, l'auteur a développé les diverses occupations de la police comme son combat contre les go fast et le home jacking.
Il est agréable de voir passer ces fléaux qui ne sont pas sans conséquence.

J'aime le personnage de Rachel, la femme flic de l'équipe d'enquêteurs, elle bouillonne et explose sous l'injustice de ses gamines qui doivent se prostituer pour financer leurs études.
Et oui quand on se rapproche d'une fac et qu'on gratte un peu j'imagine qu'il est fréquent d'y trouver le même phénomène.
C'est particulièrement touchant, d'autant plus quand on est une femme.
Bref je ne vais pas faire l'apologie du féminisme, mais le sujet reste d'actualité et j'ai trouvé bien de l'aborder.

Je dénoncerais un petit manque d'originalité dans le choix du titre, déjà vu, même s'il faut l'avouer il est raccord avec le récit et la couverture.

Les passages concernant le camp de concentration de Gurs à Pau, d'ailleurs transformé en bois, sont particulièrement plaisants à suivre.
J'ai aussi aimé retrouver les vieilles familles qui règnent à la campagne et qui ne lâchent rien quand il ne faut pas dénoncer les autres.
Vous vous doutez que certains secrets inavouables doivent parfois être maintenus dans l'oubli... ou pas...

J'ai pris un sacré plaisir avec cette lecture, belle qualité, belle découverte.




Philippe Lescarret est né à Pau en 1971. Après des études de physique, il effectue son service national en tant que gendarme auxiliaire, se retrouve alors confronté à la mort violente et à l'odeur du sang. 
L'enseignement le mène ensuite en banlieue parisienne. Mais la terre du rugby et des palombes lui manque. Il revient s'établir dans le Sud-Ouest. 
Il habite et travaille actuellement en Béarn, non loin des montagnes, de l'océan et de la forêt landaise. 

lundi 16 janvier 2017

Incarnatio de Patrick S. VAST








Patrick S VAST

Incarnatio





















4ème de couverture : 
Alex Shade, tueur à la hache qui a apporté gloire et fortune à James Simmons, devient son pire cauchemar quand le romancier se met à croire que le personnage qu'il a créé s'est incarné et le pourchasse. Mais Alex Shade est-il simplement sorti de l'imagination de l'écrivain ? Ne fait-il pas partie d'un drame de son passé, tellement dérangeant qu'il l'aurait chassé de sa mémoire ? L'existence peut parfois devenir un roman tragique, et il est alors difficile de s'extirper de la fiction.




Ravie de me jeter dans ce roman, bien que les différents écrits soient différents je commence à bien cerner ce style et j'adore ça, reconnaître une plume.

Sylvia pense que son mari travaille sur son manuscrit dans son bureau, quand elle se rend compte que la pièce est vide.
La fenêtre a été laissée grande ouverte, un "help me!" tapé sur l'écran de l'ordinateur.
Depuis quelque temps déjà son comportement est troublant, il parle du personnage récurrent de ses romans comme d'une personne réelle.
Folie ou persécution ?
Ce qui fait très peur c'est qu'il s'agit d'un tueur en série...

Le lecteur est entraîné dès le commencement dans une spirale prenante.
Patrick Vast a bien compris que nous ne souhaitons pas attendre cinquante pages pour que ça bouge.
C'est un critère très important pour moi, dans Incarnatio" ça en est grisant.
Autre point primordial pour moi, c'est la qualité d'écriture et je me répète, car il s'agit de ma deuxième récidive (3 lus), mais elle est vraiment belle.

J'aime beaucoup avoir affaire aux tueurs en série, ils sont tout simplement flippants et dénuer de tout sens humain, sans limites.
Les meurtres le montrent bien, ils sont plutôt féroces, ça, c'est du thriller.

C'est un sentiment plaisant de se rendre compte que l'épouse de l'auteur (le faux, le personnage, vous suivez j'espère) nage en pleine confusion.
Qui est réellement l'homme qu'elle a épousé, peut-être ne connait-elle pas si bien son cher et tendre.
Il peut sembler cruel de le penser, mais c'est tellement bien amené dans le roman qu'on nous pardonnera, on ressent une angoisse sourde et palpable.
Des recherches dans le passé s'imposent et c'est captivant.

J'ai suivi l'enquête avec un vif intérêt, plusieurs solutions étaient possibles et j'ai sérieusement cogité.
Chaque personnage a vu sa propre histoire développée, ça sent la réflexion intense et le rendu est très réussi.

Bon j'ai envie de dire jamais deux sans trois, ce qui se traduit par trois avis enthousiastes, un auteur à suivre.




Après diverses activités, Patrick S. Vast exerce depuis 1989 comme fonctionnaire au Ministère du travail. 
Intéressé très tôt par les trois disciplines Polar/Science-Fiction/Fantastique, il a écrit des nouvelles publiées dans des revues et fanzines, et notamment la revue Hauteurs. En 2009, sa nouvelle de science-fiction, « L’affaire Nokobva », fait partie du recueil « Fil rouge » publié par les éditions Saint-Martin. 
« La veuve de Béthune » marque son entrée dans le monde du roman policier. « Passions sur la côte d’Opale », roman sentimental publié en 2010, ajoute une facette à une œuvre déjà éclectique. 
Début 2011, paraissent simultanément ses deux nouveaux romans : un fantastique aux éditions du Riez, « L’Héritière d’Owlon », dont l’action se déroule au XIXe siècle dans la région de Dunkerque, et un polar, « Béthune, 2 minutes d’arrêt ». 2012 a vu la publication d’un troisième polar « Boulogne Stress » aux éditions Ravet-Anceau, et d’un second roman fantastique « Le loup d’Huversbecque » chez AIRVEY éditions puis en 2013, c’est au tour d’un quatrième polar en Nord, « Angoisse à louer ». 
L’année 2014 voit la sortie d’un roman noir historique 14-18, « Le ruisseau rouge » chez Pôle Nord Éditions. « Igneus » (Fleur Sauvage, 2015) fait le bonheur des amateurs d’univers fantastico-thrillériques.
Son blog centralisateur permettant par ailleurs d’avoir accès à tous les autres espaces où il s’exprime:
http://patricksvast.hautetfort.com/

jeudi 12 janvier 2017

Il était une fois la fée Chabada de Lucie BRASSEUR










Lucie BRASSEUR

Il était une fois la fée Chabada


B Editions












4ème de couverture : 
Maryline, prostituée la nuit, écrit le jour des contes pour enfants. Un soir, elle est arrêtée par les Mœurs. En garde à vue, une cartomancienne lui prédit « la rencontre qui changera sa vie ». Incarcérée et accusée de meurtre, elle clame pourtant son innocence. Pour rendre supportable la détention, elle se met à écrire le conte Des Poupées Géantes et de la Poussière de Joie.




Je l'attendais ce roman, je dois avouer que j'étais plutôt mitigée concernant le premier de l'auteure.
L'évolution est bluffante, j'ai découvert un phrasé riche et d'un tout autre registre.
Et oui c'est confirmé, ce dernier a gagné en maturité, c'est fréquent avec plusieurs parutions.

Maryline et quelques-unes de ses collègues sont arrêtées, direction le poste de police.
En raison de leur emploi particulier, la prostitution, elles y font un arrêt de temps en temps.
Pourtant cette fois-ci c'est différent, Maryline franchit les murs d'une prison sans comprendre ce qu'il lui arrive.
Ce qui va suivre est assez surprenant...

La couverture est très belle, les couleurs choisies la rendent classieuse, tout en gardant une aura noire et mystérieuse.

J'ai apprécié la touche de douceur au milieu d'une noirceur certaine, j'ai été charmée par la référence à des morceaux de nuage.
Cette part de rêve espiègle est la bienvenue, je suis moi-même une enfant recyclée qui lit du noir, mais qui attrape volontiers un nuage en cas de besoin.
Mon imaginaire de l'âge tendre n'est pas loin et j'en suis ravie, je ne tiens pas à grandir davantage.

Arrivée au milieu de ma lecture, j'avoue m'être dit, mais waw où suis-je tombée et j'ai eu à l'esprit Alice au pays des merveilles.
Bien que la comparaison ne soit pas une des meilleures, c'est celle qui m'est venue à l'esprit et c'est une pensée agréable et positive.
Avec la fée Chabada point de fantastique, il s'agit simplement d'écrits du personnage principal, destinés aux enfants.
L'alternance entre les divers passages est réussie même si les deux rythmes sont différents, l'un étant un peu plus lent que l'autre.

Il peut s'en passer des choses dans une cellule de 9m², le personnage principal alterne les ressentis, joie, incompréhension, rage...

Même si j'aurais vu un final un peu plus développé j'ai passé un bon moment.
Ce qui me fait ronronner avec un roman c'est quand son auteur y dépose un petit peu de sa folie et on peut clairement dire que c'est le cas avec "Il était une fois la fée Chabada".







Née dans les Yvelines en 1983, j'ai grandi dans une famille de nomades et d'artistes. Ma mère brésilienne m'a transmis le goût des voyages, mon père, artiste peintre, celui de l'art. Mon enfance a été mouvementée mais chacun à sa façon, ils m'ont transmis le goût de la liberté. 
Après quatre ans au collège de Marciac immergée dans la musique et la culture afro-américaine, j'ai repris des études plus classiques : un bac littéraire et une maîtrise de littérature brésilienne (ma deuxième patrie). J'ai voyagé, vécu à l'étranger, multiplié les stages puis les piges dans les rédactions avant de créer ma première entreprise à 22 ans. Boulémique de lecture, d'aventures, d'histoires et un rien hyperactive, mon leitmotiv reste "si on n'essaie pas, on ne sait pas." Partir à la découverte de contrées lointaines ou à la rencontre de l'autre dans toutes ses dimensions sont mes grandes passions, auxquelles je m'adonne en écrivant et en voyageant.
Mais j'ai aussi été une serial entrepreneur. Après l'ouverture d'une première société à 22 ans - pas une grande réussite mais un tremplin pour la suite - en 2008, à 25 ans, c’est à Orléans que j'ai posé mes bagages pour y créer Twideco TV, ma deuxième entreprise. Les secteurs diffèraient (formation puis média) mais le même objectif demeurait : « transmettre ».
Enfin, après deux accidents de voiture, j'ai décidé de me consacrer pleinement à ma passion : l’écriture. Biographe d’entrepreneurs, j'ai publié deux ouvrages en 2012 chez Plume d’Eléphant dont Michel Garcia, Du Cheval à l’Eléphant (Michel Garcia est le PDG d’Everial et a créé en 1973 Jet Services). 
Les Larmes Rouges du Citron Vert, chez Bookly Editions, est mon premier roman. 

lundi 9 janvier 2017

Entraves d'Alexandra COIN









Alexandra COIN

Entraves






















4ème de couverture : 
Enfant, Ilario fut chahuté par ses camarades de classe et aura souffert de la rudesse de son père. Adulte, il reproduira ce même schéma de domination poussant sa femme, Emma, jusqu'à l'internement en psychiatrie. Alternant flash-backs et scènes d'hôpital, "Entraves" décrypte un cheminement lourd de conséquences, pointant du doigt faiblesse et machiavélisme. Un roman sombre, criant de vérité et diaboliquement rythmé.





J'ai eu un coup de cœur pour le précédent écrit d'Alexandra Coin et de son co-auteur Erik Kwapinski.
Je n'avais qu'une envie, celle de plonger dans Enclaves.


Emma a une petite fille de six ans avec Ilario et leur vie n'est pas des plus sereines.
Cette femme subit au quotidien des humiliations de la part de son mari, toutes plus abjectes les unes que les autres.
Jusqu'au jour où elle se rend compte de tout, elle reçoit un vrai électrochoc et va donc décider de prendre sa vie en main....

Voilà un sujet qui me touche énormément : les violences faites aux femmes.
Elles ne se matérialisent pas systématiquement sous forme de coups physiques, la violence psychologique peut être aussi dévastatrice et douloureuse.
Des paroles blessantes, dégradantes et un comportement irrité continu et rabroueur peuvent tout à fait être le comportement d'un bourreau.
On trouve souvent l'homme dans ce rôle-là et la femme dans celui de la victime, bien que l'inverse doit bien exister.
Mais quand même certains hommes sont très forts à ce petit jeu là, le pervers narcissique est-il malade ou bien est-ce un vice?
Restés dans l'ombre bien longtemps, ils commencent enfin à en sortir, mais il s'agit d'un combat long et difficile, la femme reste très mal protégée, même de nos jours, on ne peut que compter les mortes par centaine.

L'auteure y accède avec force et il en ressort un discernement très réussi. 
On assiste au quotidien de la jeune femme, les brimades et les agressions insupportables qui le compose.
Y est retranscrite une vraie détresse, la peur pour son enfant, la peur de ne pas réussir à le préserver de cette violence.
Le personnage principal va donc tenter de protéger sa fille, mais elle qui va la protéger...

Un choix a été fait, celui d'alterner deux temps, la montée aux enfers à la maison et l'internement en psychiatrie d'Emma, cela permet de soulever des tonnes de questions.
Comment en est-elle arrivée là? Que s'est-il passé? Comment se sortir de cette situation périlleuse?
Pour en connaître les réponses, la seule solution est d'avancer sa lecture.
Lecture que j'ai du coup, suivi avec un vif intérêt, tenaillée par la curiosité et le suspense.

Tomber sur un monstre n'a aujourd'hui rien d’extraordinaire, ils sont malheureusement nombreux.
Non ce qui est difficile, c'est de s'extirper de leurs pattes acérées.
S'agissant d'un travail de sape de longue haleine, il est presque impossible de partir.

J'ai serré les dents et j'ai eu la nausée, la situation du personnage principal va au-delà du cauchemar, c'est pire.
Il a été fait preuve de beaucoup de réflexion, j'ai d'ailleurs moi aussi pas mal réfléchi comme on peut s'en rendre compte dans mon avis.
Le sujet est exploré, creusé et les termes utilisés sont percutants.
J'ai donc énormément aimé ma lecture, ce que l'auteure a fait de cette violence faites aux femmes est terrible.




Alexandra COIN est née à Arles et vit désormais en Bourgogne. Son premier roman, La Voie du Talion, un thriller psychologique coécrit avec son compagnon, Erik KWAPINSKI est paru en avril 2016 aux éditions Aconitum. Un roman qui traite du syndrome de stress post-traumatique et de la manipulation. Des thèmes qui leur tiennent à cœur. 
Le choix du thriller s’est imposé à eux, étant l’un des derniers espaces de liberté et un moyen percutant de rendre compte de la société et des hommes.

Son site web : http://www.alexandra-coin.com